Comment se présente le redéploiement géographique de l’industrie du minage de Bitcoin ?

Après les mesures drastiques prises par Pékin à l’égard de l’industrie du minage et du Bitcoin, les acteurs locaux du secteur ont entrepris soit de se délocaliser, soit d’interrompre leurs activités et de vendre leurs matériels, souvent à perte. En tout cas, cela a effectivement entraîné la disparition de tout le hashrate de la Chine du jour au lendemain, avec pour effet une baisse notable de celui-ci. Mais après quelques semaines, le hashrate a repris peu à peu une trajectoire ascendante. Pour beaucoup, cela démontre la forte résilience de la blockchain : comme l’a déclaré Mike Novogratz, PDG de Galaxy Digital,

"Nous ne disposions pas d’une quelconque protection. Nous n’avions pas de poursuites judiciaires. Mais le système a fonctionné comme il était censé le faire."

La question que se posent maintenant les observateurs est vers où les mineurs vont-ils se diriger ?

Selon certains experts, la mobilité des mineurs est un de leur principal avantage. "Il leur suffit de remplir des conteneurs d’expédition avec du matériel de minage", a déclaré David Gerard, auteur de l’ouvrage Attack Of The 50 Foot Blockchain, "ce sont des centres de données informatiques mobiles” qui sont maintenant “expédiés hors de Chine". Toutefois, pour d’autres, comme Thomas Heller de Compass Mining, la délocalisation est une opération complexe, qui requiert de jongler entre les procédures douanières, la recherche de sources d’énergie abordables et le respect de la réglementation locale.

En ce qui concerne ce redéploiement, Juri Bulovic, vice-président du spécialiste du minage Foundry, estime que toutes les régions du monde bénéficieront de cette migration : en effet, il est quasiment certain qu’aucun pays ne sera en mesure d’accueillir facilement la capacité excédentaire en provenance de la Chine.
Le PDG d’iMining, Khurram Shroff, est également de cet avis et qualifie l’interdiction du minage en Chine de désagrément temporaire : il affirme que la diversification de la localisation des installations est une excellente nouvelle pour le reste du monde.

Il faut remarquer que les données recueillies par le Cambridge Center for Alternative Finance (CCAF) de la Cambridge Judge Business School, révèlent que la part de la Chine dans la puissance totale du minage de Bitcoin est passée de 75,5 % en septembre 2019 à 46 % en avril 2021 – avant même que les restrictions ne soient imposées. Cela pourrait indiquer que certains mineurs s’étaient probablement préparés à l’éventualité d’un durcissement de la position du gouvernement envers l’industrie.

Le CCAF a dressé un premier tableau de cette nouvelle répartition géographique : au cours de cet intervalle (de septembre 2019 à avril 2021), la part des États-Unis dans le hashrate total de Bitcoin est passée de 4,1 % à 16,8 %, ce qui les plaçait alors en deuxième position.
La plus importante progression est celle du Kazakhstan avec une multiplication par près de six de la part du taux de hachage. Pays riche en combustibles fossiles situé en Asie centrale, le Kazakhstan a vu sa part passer de 1,4 % en septembre 2019 à 8,2 % en avril 2021, le catapultant à la troisième place mondiale. La position du Kazakhstan pourrait à nouveau relancer le débat autour du minage propre du Bitcoin. La Fédération de Russie (6,8%) et l’Iran (4,6%) complètent le top 5.
Par ailleurs, si leurs parts respectives restent encore assez faibles, le Canada et l’Allemagne ont connu des augmentations entre septembre 2019 et avril 2021, passant de 1,1 % à 3 % (Canada) et de 0,9 % à 2,8 % (Allemagne). Il faut d’ailleurs noter que la Bourse de Toronto a été la première plateforme à inscrire à la cote le premier ETF Bitcoin au monde.

Le Salvador pourrait probablement suivre, alors que son président, Nayib Bukele, souhaite construire les infrastructures nécessaires à l’utilisation de l’énergie géothermique pour le minage et que le pays se prépare à faire de Bitcoin une monnaie légale.

D’autres pays semblent toutefois vouloir contrôler le développement effréné des activités de minage qui sont souvent liés au vol d’électricité. La Malaisie au sein duquel la contribution au hashrate du Bitcoin s’élèvait à environ 3,44% en avril, les autorités ont confisqué puis procédé à la destruction de matériel de minage d’une valeur estimée à 1,26 milliard de dollars. En Iran, l’industrie du minage est en suspens durant tout l’été dans le but d’économiser l’énergie.

La décision de la Chine continue d’alimenter les débats dans la cryptosphère. Certains experts considèrent que la position de la Chine concernant le minage était prévisible. Le partenaire EMEA de Bitmain a récemment déclaré à Cointelegraph que le pays est tenu de réduire son empreinte carbone pour obtenir des financements du Fonds Monétaire International ou de la Banque mondiale, et que l’industrie du minage était une cible pratique pour minimiser la consommation d’énergie. Pour d’autres, ce choix est lié au prochain déploiement de son yuan numérique. Quelles que soient les véritables intentions de Pékin, cet évènement a mis en lumière les points forts du Bitcoin, contribuant davantage à sa notoriété.

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Source: fr.cryptonews.com

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