Le FMI déconseille la crypto dans les îles du Pacifique
La possibilité d’une île. Vu d’Europe et plus particulièrement de France, il est parfois compliqué de se rendre compte à quel point la monnaie peut être un problème au quotidien et on ne parle pas ici seulement de l’idée d’en gagner plus ou d’en avoir suffisamment pour vivre. Les habitants du Liban, d’Argentine ou du Nigéria sont par exemple exposés à une dévaluation tellement importante de leur devise que les classes moyennes d’hier se retrouvent aujourd’hui à la limite du seuil de pauvreté, alors que leur situation professionnelle n’a pas bougé d’un iota.
Mais aujourd’hui, c’est d’un autre aspect de la monnaie de tous les jours que nous allons aborder avec la situation des îles du Pacifique. Pour des raisons d’isolement, d’activité économique réduite ou encore de dépendance aux envois de fonds, ces régions insulaires particulières font face à des défis économiques endémiques que le Fonds Monétaire International (FMI) tente de résoudre, mais à une seule condition : qu’ils n’utilisent pas la cryptomonnaie !
Les problématiques monétaires particulières des régions insulaires du Pacifique
Il y a quelques jours, une équipe de l’organisation internationale a rendu un dossier intitulé Rise of Digital Money: Implications for Pacific Island Countries que l’on peut traduire par Face au développement des monnaies numériques, quelles implications pour les pays insulaires du Pacifique. Dans ce document, les experts du FMI vont tout d’abord mettre en lumière certaines caractéristiques propres à ces petits États comme les Fidji, les îles Cool, Kiribati, Vanuatu ou encore les Tonga. Première constatation, ces États de l’Océanie sont très petits et représentent donc des marchés économiques minuscules, peu enclins à attirer les investissements venus d’ailleurs.
Ensuite, les situations varient tellement d’un pays à l’autre que cela empêche évidemment une solution clé en main globale et commune à l’ensemble de ces nations. De plus, étant particulièrement isolées géographiquement, ces régions présentent des défis importants en matière de services financiers et une dépendance extrême à certaines entreprises privées. On parle ici notamment de l’importance des transferts de fonds venant des diasporas travaillant dans différents pays du monde qui maintiennent sous perfusion financière des îlots entiers de population. Enfin, face au renforcement de la lutte contre le blanchiment d’argent et du financement du terrorisme, les transferts de fonds internationaux sont de plus en plus contrôlés et cela pourrait nuire à l’équilibre de ces fragiles régions insulaires.
Le FMI a des solutions pour résoudre les problèmes des petits États insulaires du Pacifique, mais ce ne sont pas les cryptomonnaies !
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Le FMI comprend les besoins spécifiques, mais déconseille l’usage des cryptomonnaies
Face à ces défis colossaux auxquels il faut ajouter parfois une faible inclusion financière et une kyrielle de devises parfois très faibles face au dollar américain, le FMI a prescrit un ensemble de recommandations dont voici les plus importantes. La première d’entre elles consiste à avoir une approche régionale des problématiques pour atténuer les effets d’échelle en mutualisant les moyens et faire ainsi baisser la volatilité de ces devises définitivement trop fragiles. Mais une autre voie est bien sûr à l’étude et il s’agit de la numérisation des échanges qui se heurte actuellement à un obstacle physique : l’accès au réseau internet mondial.
Mais il est un point sur lequel le FMI insiste lourdement dans son document de travail : les cryptomonnaies. Qu’elles soient décentralisées comme Bitcoin ou proposées par des entreprises privées et indexées à une devise internationale comme les stablecoins, l’institution qui dépend de l’ONU rejette en bloc toute solution à trouver de ce côté-là :
« Certains pays insulaires du Pacifique semblent enclins à remplacer des devises par des cryptoactifs et des stablecoins en raison de la faible confiance dans leur système monétaire national et de l’absence d’autres actifs numériques soutenus par le public tels que les MNBC [monnaies numériques de la banque centrale].
C’est un mauvais substitut aux moyens de paiement, car les cryptomonnaies comportent des risques macroéconomiques, politiques et budgétaires supplémentaires par rapport à d’autres formes de monnaie numérique et elles remettent donc en cause la stabilité économique régionale. »
Dossier du FMI intitulé Rise of Digital Money: Implications for Pacific Island Countries – Source : imf.org
Le FMI conclu en faisant des recommandations qui concernent ces futures monnaies numériques :
« Elles devront inclure des fonctionnalités hors ligne en raison d’une faible connectivité, ainsi qu’une collecte de données élevée pour garantir la durabilité du modèle commercial et des mises à niveau des systèmes existants pour assurer l’interopérabilité et la programmabilité de la monnaie numérique. »
Dossier du FMI intitulé Rise of Digital Money: Implications for Pacific Island Countries – Source : imf.org
Vous trouvez que cela pourrait être la définition d’une monnaie numérique de banque centrale (MNBC) ? Eh bien, nous aussi ! D’ailleurs, en d’autres circonstances et sous d’autres latitudes, l’institution dirigée par Kristalina Georgieva avait déjà affiché son intérêt pour ces nouvelles formes de monnaies centralisées qui mettront fin aux espèces sonnantes et trébuchantes. Décidément, de Paris à New-York en passant par Pékin et donc par Nauru, les solutions sont presque partout les mêmes.
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Source: journalducoin.com