« AVAX Leak », chapitre II : l’avocat Kyle Roche contre-attaque

A mi-chemin entre la barbouzerie amateur et le scénario bancal du dernier épisode d’une série américaine en mal d’audience et en panne d’inspiration, on évoquait hier « l’affaire AVAX». Un épisode bonus qui affole l’audimat et qui ébranle l’industrie crypto et sa communauté ces dernières heures. En mode « damage control », l’avocat Kyle Roche, héros malgré lui de cet opus peu glorieux a pris la parole afin de présenter sa version de l’histoire.

Kyle Roche, le caillou dans la chaussure d’Ava Labs

L’article d’hier est normalement assez frais dans l’esprit de chacun. Cependant, en mode « précédemment dans la saga de l’été », on résumera l’affaire grossièrement de la manière suivante :

Kyle Roche est un avocat que l’on croirait tout droit sorti d’une série judiciaire Netflix.

Rien ne manque à la panoplie : jeune, sûr de lui, le cheveu gominé et la dent que l’on devine longue et prête à rayer le parquet (des tribunaux). L’ensemble est empaqueté dans le costume à 8 000 $ qu’on n’osera pas qualifier de « syndical » au vu du contexte. Kyle est compétent dans les recours en escadrilles contre des géants financiers de tous bords, mais c’est tout particulièrement spécialisé dans l’industrie crypto.

Il travaille d’ailleurs actuellement sur 15 dossiers différents à grands coups de class actions et ne fait pas mystère face à ses clients de ses compétences sur le sujet et de sa capacité à ne pas lésiner sur les moyens pour leur apporter totale satisfaction, ces moyens fussent-ils peu éthiques ou déloyaux.

Kyle souligne cependant que ses pratiques sont parfaitement réglementaires, et permises par un système judiciaire américain, parfois peu regardant sur les moyens procéduraux et leurs dérives potentielles.

Better don’t call Kyle Roche

Bref, Kyle Roche est un avocat d’affaires américain efficace et semble parfaitement s’accommoder du fait que ses activités aient parfois plus à voir avec du mercenariat ou de la guerre économique qu’une quelconque « Justice », sujet qu’il laisse à plus qualifié que lui sur la question.

Parmi ses multiples clients, Kyle Roche compte la société Ava Labs, filiale commerciale derrière le projet crypto Avalanche (AVAX, 17ᵉ capitalisation du marché, 5.5 milliards de dollars de capitalisation).

Selon ses déclarations, ils œuvrent pour Ava Labs depuis 2019, soit les origines du projet. Il partagerait d’ailleurs des locaux communs à Miami avec une partie de l’équipe exécutive. Enfin, il serait lui-même détenteur de parts conséquentes dans le projet, autant sous forme d’action de l’entreprise, que de tokens AVAX.

Et si on a connaissance de ces multiples détails plutôt sensibles, c’est parce que Kyle Roche est tombé dans un piège.

Le jeune avocat semble, en effet, avoir été manipulé, mis en confiance et incité à s’épancher sur de nombreux détails et supposés agissements d‘Ava Labs, plus particulièrement sous le prisme des services qu’il aurait, toujours selon lui, rendus à l’entreprise dans le cadre de leur partenariat.

Délivrant un feu roulant de confidences et de secret d’affaires à un interlocuteur non identifiés, Kyle Roche a été filmé – au moins à deux reprises – et ce sont ces vidéos qui ont été révélées ces derniers jour.

Référez-vous à l’article précédent pour les détails, mais en vrac, Ava Labs aurait selon ses déclarations fait appel à ses services, non à la fois pour assurer du conseil et de la défense, mais aussi pour orchestrer des campagnes de déstabilisation visant certains concurrents du projet, comme Solana par exemple.

Multiples procédures pour « noyer » les parties adverses, coups bas, récupération d’informations concurrentielles sensibles (par le biais du droit US, permettant un accès pour un avocat à de nombreuses pièces et informations d’affaires)…. Et, ce sans même compter des « services personnels » dans le but de nuire spécifiquement à certaines personnalités de la sphère crypto.

Le déballage a quelque chose de surréaliste dès lors qu’on se souvient que son auteur est un avocat professionnels réputé et reconnu. Un spécialiste du droit supposément rompu à la fois au secret professionnel et à la prudence face à des questions indiscrètes. Mais c’est un fait, pendant de longues minutes l’intéressé empile les supposés révélations, chiffres, data et anecdotes à l’appui, exposant sans filtre (et souvent sans cacher une certaine auto-satisfaction) à son interlocuteur les détails les plus sensibles, voire dérangeants.

L’équipe Ava Labs n’a pas tardé hier à réagir, par la voix de son conseil juridique et de son CEO Emin Gün Sirer. Ce dernier évoquant une « théorie du complot absurde » et assurant que l’entreprise œuvrait conformément à des standards éthiques et réglementaires élevés.

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Affaire Ava Labs : la parole à la défense

Dans un court texte sobrement intitulé « Ma réponse », Kyle Roche revient sur l’exposition des vidéos volées et livre sa version de l’histoire.

Il commence par confirmer ce que tout le monde soupçonnait, à savoir que les enregistrements ont été captés à son insu. Nettement plus intéressant, il désigne son interlocuteur, invisible à l’écran et à la voix transformée.

« [la vidéo] contient de nombreuses fausses déclarations non sourcées et des clips vidéo obtenus illégalement et fortement édités qui ne sont pas présentés avec un contexte précis. Ces vidéos ont été enregistrées sans mon consentement lors de réunions privées avec Christen Ager-Hanssen, dont je sais maintenant qu’il travaille pour Dominic Williams, le créateur de ICP Token, et le défendeur dans un litige de fraude boursière très médiatisé que mon cabinet a intenté contre lui. »

Christen Ager-Hanssen est un personnage sulfureux, se décrivant souvent lui-même comme un « bagarreur de rue » en matière d’affaires. On retiendra surtout pour l’heure que le businessman d’origine norvégienne aurait agi pour le compte de Dominic William, fondateur et CEO du projet controversé Internet Protocol (ICP).

Sans véritable surprise, l’avocat indique que ses propos ont d’abord été décontextualisés, et par ailleurs ont fait selon lui l’objet d’un montage partisan.

« Ava Labs n’a eu aucune influence, aucun contrôle ou aucune idée sur les affaires de recours collectif du côté des plaignants de notre cabinet et nous n’avons jamais intenté de recours collectif en leur nom ou à leur demande. Les déclarations contraires contenues dans la vidéo sont fausses et ont été obtenues par des moyens trompeurs, notamment par un stratagème délibéré visant à m’intoxiquer, puis à m’exploiter, en utilisant des questions suggestives. Les déclarations sont fortement modifiées et coupées hors contexte »

Il assume au passage les pratiques de son cabinet, en soulignant qu’Ava Labs n’était pas d’accord avec lui sur ce point (et sur les stratégies proposées).

« La pratique de notre cabinet en tant que plaignant est restée une source de désaccord dans notre relation avec Ava Labs, et ils ont critiqué notre poursuite de nombreuses affaires de ce type. Dans toutes mes relations avec Emin Gün Sirer et le reste de l’équipe d’Ava Labs, ils ont toujours agi avec la plus grande intégrité. Ils ne m’ont jamais demandé de faire quoi que ce soit de sournois, d’illégal ou d’éthique douteuse, et je ne le ferais jamais. »

Si ce texte se veut une réponse rapide et espérée efficace face à l’incendie qui gronde, nul doute qu’il ne satisfera probablement pas tout le monde, dans la mesure où de nombreux point de questionnement demeurent en suspens.

De son côté le patron d’Ava Labs a fait connaître sa position dans un article. Dan ce texte il qualifie l’ensemble du dossier « d’absurde » et « d’allégations », attribuant les déclarations de Kyle Roche à celle « d’un avocat souhaitant impressionner un partenaire commercial potentiel ».

Flex, mensonges et vidéos… commencée dans les salles de réunions feutrées de discrets cabinet d’affaires, cette pénible saga crypto-judiciaire pourrait finir par immanquablement se terminer face à la lumière crue d’une cour de justice.

Mise à jour : Christen Ager-Hanssen vient de livrer sa version des faits dans une interview sur Youtube (présentée comme tournée dans les lieux où il a reçu Kyle Roche)

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Source: journalducoin.com

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