Ukraine : de l’énergie nucléaire pour miner des cryptos
Le Ministère de l’énergie et de la protection de l’environnement ukrainien souhaite que l’excédent d’énergie produit par les centrales nucléaires du pays serve à miner de la cryptomonnaie.
Une proposition controversée
La crise actuelle qui aurait entraîné une baisse globale de la consommation, notamment dans l’industrie manufacturière, aurait eu pour conséquence d’augmenter le surplus d’énergie inutilisée. Pour lutter contre ce gaspillage, la ministre par intérim de l’énergie, Olga Buslovets a proposé de se servir de cet excédent pour miner des cryptomonnaies. Elle en a fait part publiquement dans un communiqué de presse le 5 mai.
« Une façon moderne d’utiliser l’électricité excédentaire est de la diriger dans des cryptomonnaies. »
Mais face aux réactions mitigées et à l’incompréhension que son annonce a suscitées, le ministère a décidé de clarifier sa position sur sa page Facebook officielle. Se justifiant par le souci d’inclure sa démarche dans une réforme globale soutenue par le président Vladimir Zelensky qui a déclaré vouloir faire de l’Ukraine « un leader numérique », il affirme que ce projet est emblématique de la nouvelle économie. Et vertueux, en abandonnant au passage le vieux modèle soviétique accusé de favoriser la corruption au niveau local.
Du minage nucléaire
Quoi qu’il en soit, et sans attendre l’assentiment général, le ministère a déjà commencé à travailler sur cette initiative. Son partenaire tout désigné est Energoatom, l’agence d’Etat qui gère les quatre centrales nucléaires du pays. Quinze réacteurs au total qui placent l’Ukraine au 7ième rang mondial quant à sa production d’énergie liée à l’atome.
Le site de la plus grande centrale électrique d’Europe, Zaporijia, a été choisi pour tester la première phase du pilote. 30 MW produits par la centrale seront initialement dédiés au minage. L’objectif est d’atteindre 1000 MW si le test s’avère probant. A savoir, selon la parole officielle, répondre à une triple ambition. Outre l’utilisation rentable de l’excédent énergétique, l’intention est « d’ouvrir des marchés supplémentaires pour l’électricité atomique ». Mais il s’agit aussi « de renforcer la fiabilité et l’efficacité des centrales nucléaires ukrainiennes ». Au moment où l’on entend de nouveau parler de Tchernobyl à cause de virulents incendies dans la zone d’exclusion, c’est un argument de poids.
Une inspiration de source illicite ?
L’idée de miner des cryptomonnaies en utilisant le nucléaire trouve peut-être son origine dans des actes pénalement répréhensibles. A l’été 2019, des employés d’une centrale nucléaire du sud de l’Ukraine avaient en effet profité de leur situation pour extraire illégalement du Bitcoin. L’année d’avant, ce sont plusieurs ingénieurs du Centre nucléaire fédéral russe qui avaient été arrêtés pour avoir tenté d’utiliser l’un des plus puissants superordinateurs pour se livrer à la même activité lucrative.
L’histoire serait cocasse mais sujette à caution. Ce type de pratique étant de plus en plus légalement admise. Ainsi, dans l’Etat de New York, la centrale électrique de Greenidge Generation mine très officiellement 5,5 BTC/ jour tandis qu’ailleurs, toujours en quête de ressources peu onéreuses, certains envisagent sérieusement des solutions alternatives avec des sous-produits de l’industrie pétrolière.
Source: cryptoactu.com