Comment le lobbying se développe dans l’industrie crypto ?
Les derniers événements autour de l’industrie, plus précisément la décision du Salvador de faire du Bitcoin une monnaie légale et le piratage du Colonial Pipeline, ont amené de nombreuses personnalités politiques et économiques à s’exprimer contre Bitcoin. La sénatrice démocrate Elizabeth Warren a émis des critiques acerbes envers Bitcoin alors que de son côté, l’ancien président Donald Trump qualifiait la cryptomonnaie d’escroquerie.
C’est dans ce contexte que le lobbying peut avoir un impact décisif sur la perception de ces derniers, mais aussi sur celle du grand public, alors que les décisions et politiques adoptées maintenant pourraient s’inscrire dans la durée et façonner le paysage de l’industrie crypto.
Le succès de la récente entrée en bourse de Coinbase par exemple peut être attribué aux efforts de lobbying menés par l’exchange qui aurait dépensé près de 700 000 dollars depuis 2015.
De son côté, au cours de ces derniers mois, Ripple aurait engagé deux cabinets de lobbying et pour se défendre contre la Securities and Exchange Commission (SEC), a fait appel à Mary Jo White, qui était à la tête de l’organisme de régulation de 2013 à 2017. En 2020, la société blockchain occupait la première place en matière de lobbying avec un programme dont le budget était estimé à 690 000 dollars, ce qui ne lui a tout de même pas permis d’échapper aux griffes de la SEC.
Quand les régulateurs changent de camp :
Ces campagnes semblent avoir porté leurs fruits, si l’on considère le nombre de régulateurs, de législateurs et de cadres de la finance traditionnelle qui ont rejoint les rangs de l’industrie crypto. Les nominations les plus notables et les plus récentes sont les suivantes :
- 11 mars – Binance engage l’ancien sénateur du Montana, Max Baucus, pour "fournir des conseils de haut niveau sur les efforts de l’organisation en matière de gouvernement et de réglementation, y compris l’établissement de relations solides avec les autorités et les régulateurs américains".
- 23 mars – L’exchange japonais DeCurret engage l’ancien commissaire de l’Agence japonaise des services financiers, Toshihide Endo.
- 29 mars – One River Digital Asset Management nomme l’ancien président de la SEC, Jay Clayton, à son conseil consultatif.
- 20 avril – Binance.US engage l’ancien directeur par intérim de l’Office of the Comptroller of the Currency (OCC), Brian Brooks, comme PDG, à compter du 1er mai.
- 24 mai – Coinbase engage l’ancien cadre de Goldman Sachs, Faryar Shirzad, dans le cadre de ses efforts pour "naviguer dans l’environnement réglementaire mondial en évolution et travailler avec les gouvernements du monde entier sur les questions critiques entourant la crypto-économie".
Il faut noter que la plupart des acteurs du secteur ne sont pas contre l’absence de réglementation, bien au contraire. Graham Newell, de la Blockchain Association, a affirmé que "ce que nous, et d’autres, aimerions voir, c’est plus de clarté sur des questions importantes, telles que les lois sur les valeurs mobilières, les dispositions relatives à la garde des actifs numériques et la politique fiscale".
En plus de ce travail de lobbying, le rôle des groupes comme la Blockchain Association ou Blockchain for Europe n’est pas à négliger en raison de leurs activités éducatives et promotionnelles.
Cela ne signifie pas pour autant que le chemin sera aisé et que les revirements de situation ne sont pas impossibles. Un législateur américain ferait par exemple pression sur le nouveau responsable de l’OCC, Michael Hsu, pour révoquer les avantages octroyés par Brian Brooks aux entreprises crypto, affirmant que ces dernières ne devraient pas disposer d’un statut qui les place au même rang que les banques.
Dans tous les cas, le développement du lobbying est un signe que l’industrie crypto entre dans une phase de maturation : il s’agit d’un indicateur encourageant puisqu’il montre que le nombre d’acteurs ayant des intérêts dans celle-ci est en augmentation. Un autre élément encore plus favorable est l’implication croissante de sociétés dont le coeur d’activité n’est pas la blockchain ou la crypto, soulignant que la réglementation n’intéresse plus uniquement les grands noms de la crypto, Coinbase, Finance et autres.
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Source: fr.cryptonews.com